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Karaoké Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Léo Ferré

03:31

Tonalité identique à l'original : Fam

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Paroles

Tout est affaire de décor changer de lit changer de corps

A quoi bon puisque c'est encore moi qui moi-même me trahit

Moi qui me traîne et m'éparpille et mon ombre se déshabille

Dans les bras semblables des filles où j'ai cru trouver un pays

Cœur léger cœur changeant cœur lourd le temps de rêver est bien court

Que faut-il faire de mes jours ? que faut-il faire de mes nuits ?

Je n'avais amour ni demeure nulle part où je vive ou meurs

Je passais comme la rumeur je m'endormais comme le bruit

Est-ce ainsi que les hommes vivent

Et leurs baisers au loin les suivent

C'était un temps déraisonnable on avait mis les morts à table

On faisait des châteaux de sable

On prenait les loups pour des chiens

Tout changeait de pôle et d'épaule

La pièce était-elle ou non drôle ?

Moi si j'y tenais mal mon rôle c'était de n'y comprendre rien

Dans le quartier Hohenzollern entre la Sarre et les casernes

Comme les fleurs de la luzerne fleurissaient les seins de Lola

Elle avait un cœur d'hirondelle sur le canapé du bordel

Je venais m'allonger près d'elle

Dans les hoquets du pianola

Est-ce ainsi que les hommes vivent

Et leurs baisers au loin les suivent

Le ciel était gris de nuages il y volait des oies sauvages

Qui criaient la mort au passage

Au-dessus des maisons des quais

J'les voyais par la fenêtre

Leur chant triste entrait dans mon être

Et je croyais y reconnaître du Rainer maria Rilke

Elle était brune et pourtant blanche

Ses cheveux tombaient sur ses hanches

Et la semaine et le Dimanche elle ouvrait à tous ses bras nus

Elle avait des yeux de faïence elle travaillait avec vaillance

Pour un artilleur de Mayence qui n'en est jamais revenu

Est-ce ainsi que les hommes vivent

Et leurs baisers au loin les suivent

Il est d'autres soldats en ville et la nuit montent les civils

Remets du rimmel à tes cils

Lola qui t'en iras bientôt

Encore un verre de liqueur ce fut en Avril à cinq heures

Au petit jour que dans ton cœur

Un dragon plongea son couteau

Est-ce ainsi que les hommes vivent

Et leurs baisers au loin les suivent

Comme des soleils révolus

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